Les changements d'habitudes liés à la place de plus en plus importante que l'Internet prend dans chaque facette de notre vie quotidienne produisent des effets non anticipés relatifs aux traces que chacune de nos transactions en ligne produisent. Contrairement aux interactions personnelles ou aux documents-papier éphémères, les traces électroniques que nous laissons sur Internet ont une durée de vie éternelle, et peuvent souvent venir nous hanter lorsque le contexte dans lesquelles nous les avons disséminées s'est radicalement modifié. Un article du International Herald Tribune cite ainsi quelques exemples de criminels ou de fraudeurs ayant été identifiés par leur victime à l'aide de photos prises par eux-mêmes et mises en lignes sur Internet ou acessibles sur les serveurs de fournisseurs de services de télécommunication mobile. Un article du New York Times signalait de la même façon il y a quelques jours la lente prise de conscience par les détenteurs de blogs et de pages personnelles sur les sites de réseautage social (comme Facebook) que certaines des photos et des informations qu'ils y publient peuvent constituer un obstacle pour une future recherche d'emploi. En effet, de nombreux jeunes adultes transposent sur internet à l'intention de leur cercle d'amis des comportements et des propos pouvant ne pas être jugés comme appropriés dans le cadre d'un emploi salarié. Cherchant à contrôler chaque aspect de leur image, les entreprises ne verront pas nécessairement d'un oeil très favorable des individus qui s'affichent ouvertement en train de boire des quantités excessives d'alcool, de consommer des produits stupéfiants ou de comptabiliser leurs exploits sexuels.
Ces nouvelles attitudes vis-à-vis de notre double virtuel et des précautions à prendre afin de protéger notre vie privée viennent renforcer le besoin d'adapter notre compréhension de l'identité personnelle, de sa fragmentation et de la transparence plus ou moins consentie qui y est associée dans les sociétés contemporaines.