Un journaliste de Wired.news a réussi à infiltrer une conférence professionnelle de fabricants et d'acheteurs d'équipements de surveillance électronique. La ISS World conference, qui se tenait à Washington du 22 au 24 mai 2006 réunissait des agences de renseignement, des opérateurs de télécommunication et des entreprises de technologie du monde entier afin de discuter de l'état des législations nationales en matière d'interceptions légales et de signer des contrats portant sur des logiciels ou des outils de nouvelle génération.
Thomas Greene, dans son article, évoque avec beaucoup d'humour les efforts faits pour empêcher les journalistes d'assister à la conférence, et les stratégies qu'il a du mettre en oeuvre pour contourner cette interdiction. Après avoir tenté une approche frontale, il a du se rabattre sur le bar de l'hôtel où se tenait la conférence, et où l'alcool aidant, les soi-disants secrets étaient partagés avec beaucoup plus de détails. Outre la faible préoccupation des vendeurs pour l'utilisation qui peut être faite de leur matériel dans les pays autoritaires, une discussion rapportée avec un policier néerlandais illustre à merveille la futilité de préserver un secret excessif sur ce genre de pratiques: en effet, son évaluation de la situation néerlandaise plaçait ce pays deux ou trois ans en avance sur la situation en vigueur aux USA quant aux avancées technologiques, malgré une législation soumettant les services de police et de renseignement à des contrôles beaucoup plus rigoureux. En clair, des systèmes d'imputabilité démocratique appliqués à la lettre ne constituent en rien une barrière au développement de technologies de surveillance avancées et à leur utilisation légale, contrairement à l'argument développé par l'administration Bush Jr.
L'auteur de cet article, qui a finalement pu se procurer le contenu des présentations qui étaient interdites de distribution à la presse a évalué qu'il n'y avait rien là qui ne soit déjà connu des technologues avertis. Il avance même l'hypothèse que ce parfum de secret était avant tout un argument commercial destiné à convaincre les participants potentiels à cette conférence de débourser les 6500$ de frais d'inscriptions demandés.
Pendant ce temps, la contre-surveillance fait aussi des progrès, mais de manière beaucoup plus ouverte: Phil Zimmermann, l'inventeur du logiciel de cryptage PGP, vient de lancer le logiciel de cryptage des conversations téléphoniques en ligne (voix sur réseau IP) Zfone. Ce logiciel rend impossible toute interception de conversation utilisant Internet comme support, en cryptant les données directement chez l'émetteur et le récepteur de la communication, ce qui permet de court-circuiter les serveurs informatiques, qui ont en général l'obligation de conférer un accés aux services de sécurité qui en font la demande. Les dirigeants de la NSA vont certainement s'arracher les cheveux.
02 juin 2006
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