19 juin 2006

Le Japon sous-traite certaines fonctions policières au secteur privé

La police japonaise vient de se lancer dans un programme de sous-traitance des constats d'infraction aux règles de stationnement, afin de désengorger les artères des grandes villes et de remplir les caisses de l'État. Un article du Monde nous apprend qu'à Tokyo, 264 commissariats ont confié cette tâche ingrate à 74 entreprises privées. La police Tokyoite avait en effet bien du mal à verbaliser les mauvais chauffeurs, puisqu'on estime qu'elle n'émettait de contraventions qu'à 0.1% des infracteurs potentiels. Les agences de sécurité privée, qui sont rémunérées au rendement, sauront certainement améliorer ce piètre résultat. Si comme le souligne le journaliste du Monde, ce zèle répressif aura certainement un résultat immédiat sur la fluidité du traffic automobile, l'image de la police risque de s'en trouver quelque peu ternie: en effet, le pouvoir discrétionnaire des policiers leur permet de cultiver de bonnes relations avec la population, et de susciter une meilleure collaboration lorsque cela est nécessaire. D'autre part, en sous-traitant à des entreprises privées cette tâche peu valorisée parmi les policiers en uniforme, la police se prive de renseignements criminels intéressants: en effet, une étude criminologique anglaise a démontré qu'une proportion importante de voitures mal stationnées (en particulier sur les emplacements réservés aux handicappés) étaient conduites par des personnes recherchées par la police pour des affaires plus graves. Cette tendance à la sous-traitance n'est pas réservée au Japon, puisque des municipalités anglaises, australiennes et canadiennes y ont également recours.

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