31 janvier 2007

Les petites soeurs de Big Brother


Un documentaire de l'émission Temps Présent de la Télévision Suisse Romande sur l'utilisation des caméras de surveillance et d'autres technologies de contrôle en Suisse et au Royaume Uni.

(Merci Manon!)

24 janvier 2007

La NSA a du mal à boucler ses fins de mois

Le Baltimore Sun nous apprend que la National Security Agency (NSA) verra son budget stagner par rapport à celui de l'an dernier, pour la première fois depuis le 11 septembre 2001. Outre un système de gestion financier opaque qui rend toute évaluation de la pertinence des dépenses engagées difficile, sinon impossible, l'article mentionne un ralentissement considérable des recrutements, la suspension de certains programmes d'innovation, et une crise énergétique qui limite sa capacité à installer de nouveaux systèmes de calcul ultra-puissants. Certains super-ordinateurs sont utilisés en alternance et la température des bâtiments a été abaissée afin d'économiser les megawatts-heure: la consommation actuelle de la NSA est de 65 à 75 megawatts-heure, alors que ses besoins devraient augmenter de 10 à 15 megawatts-heure d'ici la fin de l'année. La compagnie d'électricité locale est incapable de fournir plus de puissance sans pénaliser ses autres clients, et les coûts et les délais de construction d'une centrale électrique n'ont pas été planifiés par la NSA. Ces problèmes d'économie d'énergie devraient laisser un répit de quelques mois aux ennemis de l'État.

La liste des passagers aériens "suspects" clouée au sol

L'Administration américaine de la sécurité du transport aérien (TSA) vient de rendre public son objectif de mettre à jour sa liste des passagers suspects interdits de vol. Cette "no-fly list" a été critiquée à de nombreuses reprises (y compris dans ce blog), notamment en raison de l'imprécision des critères d'inscription et de l'absence de procédures de correction pour les personnes figurant par erreur sur celle-ci. L'administrateur de la TSA a révélé le 17 janvier aux sénateurs américains que la liste ferait bientôt l'objet d'un toilettage majeur qui devrait diviser par deux le nombre de noms qu'elle comptient. Cette cure amaigrissante devrait rendre les voyages aériens plus faciles pour de nombreuses personnes, et elle devrait également faire réfléchir les fonctionnaires de Transport Canada, qui travaillent à la mise en place d'une liste identique connue sous le nom de "Programme de protection des passagers" et risquent de se retrouver avec un outil aussi mal conçu que leurs homologues états-uniens.

22 janvier 2007

L'inspecteur gadget de la police de Los Angeles

Le magazine Popular Science nous fait visiter le laboratoire de développement des nouvelles technologies de la police de Los Angeles (le Sheriff, et non pas le LAPD). Outre les habituelles armes à létalité réduite, on y découvre des "canons" permettant de projeter des sons à de très grandes distances (pratique en cas de manifestation), des drones urbains, ou des armes à rayonnement qui peuvent immobiliser un véhicule (fini les poursuites à la télévision). Ce laboratoire est en contact régulier avec plus de 200 entreprises, ce qui nous donne une idée de la taille que représente ce marché. L'article nous offre également quelques exemples de technologies mal conçues, au coût prohibitif, ou tout simplement pas assez fiables.

13 janvier 2007

La responsabilité des propriétaires d'ordinateurs

Un éditorial du New York Times d'avant-hier soulève une question de plus en plus pertinente: la puissance croissante des ordinateurs personnels et la connectivité de nos sociétés modernes ne doivent-elles pas nous amener à repenser les responsabilités de ceux qui par leurs négligences facilitent la commission de crimes informatiques? En effet, la plupart du temps, les pirates et autres fraudeurs exploitent des vulnérabilités connues qui perdurent en raison de la mise sur le marché de matériels et de logiciels mal protégés, et du manque d'empressement des usagers à installer les correctifs (les patchs) à ces failles lorsque ces dernières sont rendues publiques. Par ailleurs, peu d'utilisateurs disposent de logiciels anti-virus et coupe-feu à jour, et de nombreux routeurs wifi restent très mal protégés contre les intrusions. Cette procrastination généralisée a cependant pour conséquence de causer des préjudices importants au niveau collectif, puisqu'elle facilite l'organisation de fraudes informatiques à très grande échelle, à l'instar des réseaux d'ordinateurs "zombie" découverts ces dernières années, qui peuvent compter plusieurs centaines de milliers de machines. Ces botnets sont utilisés pour expédier des millions de spams ou pour compromettre les codes d'accès à de nombreux services financiers et en ligne.

Le problème découle en grande partie du fait que les ordinateurs sont actuellement considérés comme de simples équipements de réception d'informations, au même titre que les télévisions, ou comme des appareils permettant de faire des copies illégales, comme ce fut le cas des magnétoscopes en leur temps. Ne devrait-on pas plutôt les assimiler à des automobiles, dont l'utilisation a été réglementée de façon de plus en plus restrictive, à mesure que les préjudices potentiels que pouvait causer cette nouvelle technologie en cas de mauvais usage sont devenus de plus en plus manifestes? À mesure que les réseaux informatiques occupent une place centrale dans nos sociétés modernes, doit-on réglementer de manière plus importante le respect de certaines règles de sécurité informatique élémentaires, et faire sortir les usagers de l'âge de l'innocence dans lequel ils baignent actuellement?

09 janvier 2007

Le guichet de police virtuel testé en Belgique

La police belge est en train d'expérimenter dans quatre zones de police un guichet de police virtuel permettant aux citoyens de signaler par l'intermédiaire d'un site internet de petits délits comme le vol de vélos, le vol à l'étalage, la dégradation de véhicules et les graffitis. Ces incidents qui font souvent l'objet d'une sous-déclaration du fait de leur faible gravité et de la lourdeur bureaucratique qu'implique une visite au poste de police verront certainement leurs statistiques augmenter considérablement dans un premier temps. La facilité de déclaration devrait cependant simultanément libérer de nombreux policiers de ces tâches administratives.

Un segment du journal télévisé belge mis en ligne sur YouTube en explique le fonctionnement.

06 janvier 2007

Les nouveaux pouvoirs de la sécurité privée aux USA

On peut lire dans le Washington Post du 2 janvier 2006 un article intéressant sur la tendance de certains états et municipalités états-uniens à concéder à des entreprises de sécurité privée les mêmes pouvoirs d'arrestation que ceux auparavant réservés à la police. On assiste ainsi à l'émergence de ce que le criminologue George Rigakos définit comme une para-police. Contrairement aux agences de sécurité traditionnelles, les entreprises de para-police opèrent dans les espaces publics et n'hésitent pas à entreprendre des enquêtes criminelles parfois complexes. Dans le contexte post 11 septembre, les services de police considèrent de manière plus ouverte que par le passé l'assistance que peuvent leur apporter ces agents, mais la défense de l'intérêt collectif et l'équité dans l'accès aux services restent des questions qui préoccupent les défenseurs des libertés individuelles. D'autre part, les mécanismes de surveillance restent beaucoup plus limités pour la sécurité privée que pour la police publique. Pourtant, si le secteur privé souhaite se voir attribuer plus de pouvoirs légaux, il devra consentir à ce que ses responsabilités soient aussi beaucoup plus étroitement contrôlées.

02 janvier 2007

Les centres de fusion du renseignement

Un article du Washington Post du 31 décembre 2006 dresse un profil de la trentaine de centres de fusion du renseignement qui ont été créés aux États-Unis depuis 2001. Ces structures sont destinées à faciliter le partage du renseignement criminel et de sécurité entre les autorités fédérales et locales. Dans un contexte institutionnel fortement décentralisé, ces centres permettent une meilleure coordination des intervenants dans la lutte antiterroriste. Certains d'entre eux regroupent en un même lieu plus de vingt organisations différentes. Si l'intention est louable et que les participants semblent satisfaits du fonctionnement de ces structures, l'article soulève deux problèmes majeurs: le premier concerne la dilution des responsabilités dans la lutte antiterroriste, qui implique de manière croissante de petites organisations policières de quelques dizaines ou centaines d'agents mal équipées pour faire face à ces nouvelles fonctions. Le respect de la vie privée dans un contexte de partage intensif des renseignements pose également un problème de taille. Ces centres sont cependant appelés à se multiplier dans la mesure où la "police axée sur le renseignement" est en train de remplacer la police de proximité comme stratégie policière dominante en Amérique du Nord et dans le reste du monde.