10 juin 2006
Le côté ludique de la surveillance
La société Spygear (attention, site internet très gourmand en bande passante), spécialisée dans les jouets ayant pour thème le monde de l'espionnage et du renseignement, vient de mettre sur le marché une voiture radio-commandée équipée d'une caméra vidéo à infra-rouge. La voiture espion sera disponible à la période de Noël et sera vendue aux USA pour environ 120$. Ce type de jouet vient compléter une offre très complète de micro cachés, de lasers détecteurs de mouvements et autres gadgets destinés aux enfants désirant émuler leurs aînés de la CIA ou de la NSA.
S'il serait un peu excessif de voir dans le développement de tels jouets le signe d'une érosion des libertés individuelles et une certaine désensibilisation de la société nord-américaine vis-à-vis de la surveillance routinière qui empiète sur la vie privée des citoyens, on peut néanmoins se questionner sur la présentation ludique qui est faite ici d'une activité de contrôle de son prochain. Les petits américains n'ont d'ailleurs pas le monopole de cette tendance, puisque les petits français peuvent se familiariser à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette avec les subtilités de la biométrie, dans une exposition généreusement financée par Sagem Morpho, le plus grand fabricant mondial du domaine qui équipe la grande majorité des services de police.
Cette exposition, que j'ai visitée il y a quelques semaines, propose aux visiteurs d'enregistrer leurs propres caractéristiques biométriques (qui seront effacées en fin de journée), et de découvrir l'histoire de cette science de l'identification par les traits physiques de chaque individu. Plusieurs kiosques leurs permettent enfin de tester les dernières techniques disponibles en ce domaine, tout en s'amusant. La partie concernant l'éthique est bien moins attractive, puisque le degré d'interactivité y est réduit à sa plus simple expression, qui est celle de lire des capsules sur les projets d'utilisation de la biométrie acceptés et refusés par la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés). Là aussi, on ne peut qu'être frappé par la douce acclimatation qui est proposée aux plus jeunes d'un monde où le fait de se soumettre à des contrôles de plus en plus intrusifs devient un jeu dont les conséquences négatives sont soigneusement occultées.
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