17 avril 2006

Statistiques sur le vol d'identité

Le ministère de la justice américain vient de rendre public un rapport sur l'ampleur des vols d'identité au cours de l'année 2004. Contrairement aux statistiques produites par les études subventionnées par l'industrie informatique ou bancaire, qui auront tendance à sous-estimer ou à sur-estimer cette menace, selon que l'on cherche à rassurer les utilisateurs sur la fiabilité des services en ligne, ou au contraire les sensibiliser à l'achat de logiciels de protection, ce rapport utilise une méthodologie éprouvée en criminologie qui est le sondage de victimisation.

Plutôt que de se baser sur les statistiques policières, qui reflètent moins l'ampleur réelle d'un phénomène criminel que le niveau d'activité de la police face à ce dernier, le sondage de victimisation demande à un échantillon représentatif de la population de répondre à un certain nombre de questions concernant les actes criminels dont il a été victime au cours des douze derniers mois, y compris ceux n'ayant pas fait l'objet d'une déclaration à la police. Ces outils sont jugés plus objectifs, même s'ils ne nous permettent de connaître l'ampleur réelle que des crimes les plus fréquents.

Le rapport sur le vol d'identité fait ainsi apparaître que:
* Près de 3% des foyers ont été victimes d'un tel crime aux États Unis au cours des 6 mois ayant précédé le sondage, soit 3,6 millions de foyers. Le phénomène le plus répandu était l'usage non autorisé d'une carte de crédit existante (1,5%), suivi de l'usage non autorisé d'autres comptes bancaires (0,8%) et de l'utilisation frauduleuse de données personnelles afin d'obtenir des cartes de crédit, des services financiers ou de commettre d'autres crimes (0,5%).
* Les foyers les plus touchés étaient ceux dont le chef de famille était âgé de 18 à 24 ans (4,6% des foyers dans cette tranche d'âge ont été victimisés), et ceux dont le revenu dépassait 75.000$ par an (5,2% des foyers dans cette catégorie ont été victimisés).
* 94% des victimes n'ont connu qu'une seule occurrence de vol d'identité au cours des six derniers mois.
* 30% des victimes ont réalisé qu'elles avaient été exposées à un vol d'identité en consultant leurs relevés bancaires (fonds manquant ou paiements non autorisés), alors que 22,8% ont été contactées par une agence de crédit.
* Les conséquences secondaires de ces vols d'identité incluent des problèmes avec des agences de recouvrement de dettes (34% des victimes), des problèmes bancaires (30,5%) ainsi que des déconnexion de services téléphoniques ou d'autres services essentiels (11,5%). Pour une minorité des victimes, des conséquences plus graves telles que des mises en cause dans des enquêtes criminelles (4,4%) ou des assignations dans des procédures civiles (4,6%) sont signalées.
* Une fois le problème identifié, un tiers des victimes a réglé les problèmes causés par le vol en une journée ou moins, mais 20% des victimes doivent consacrer plus d'un mois à cette tâche.
* La valeur estimée des pertes engendrées par le vol d'identité à partir des chiffres déclarés par les victimes se monte à 3,2 milliards de dollars américains pour l'année 2004.

Pour l'instant, les organisations policières semblent peu actives dans le domaine de la lutte contre cette nouvelle forme de criminalité, laissant les institutions financières et les victimes absorber les coûts qu'elle génère. Des entreprises privées offrent d'ailleurs déjà des assurances spécifiques ou des services de protection contre cette forme de fraude. On imagine cependant mal que devant l'augmentation de celle-ci, l'opinion publique ne se lasse de l'impunité de ceux qui les commettent.

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