La revue scientifique Surveillance and Society vient de publier un numéro spécial sur les défis méthodologiques et éthiques des recherches portant sur la surveillance, telle qu'elle se déploie dans la vie quotidienne (vidéosurveillance, sécurité privée, internet...).
Un article en particulier, rédigé par Kevin Haggerty et Amber Gazso, a retenu mon attention. Il traite des biais statistiques importants dont souffrent les sondages réalisés sur le degré d'acceptation publique des technologies de surveillance. Ces sondages produisent en effet très fréquemment des résultats où plus de 70% des personnes interrogées se disent favorables à l'implantation de nouvelles technologies de contrôle social, ce qui laisse entendre que les promoteurs de ces technologies ne font que répondre à un besoin diffus de sécurité exprimé par la population. Pourtant, les instituts de sondage impliqués omettent souvent de préciser les taux de non-réponse très élevés associés à ces questionnaires, qui augmentent encore lorsque les sondés sont informés du thème des questions qui vont leur être soumises. Les auteurs citent ici des taux de participation de 10% et moins (pour obtenir 1000 réponses, il faut contacter plus de 10.000 personnes), ce qui du point de vue statistique s'avère extrêmement problématique.
Une des conclusions de cet article remet donc en question la validité de ces sondages, sur lesquels s'appuient parfois les gouvernants et les entreprises privées pour justifier le déploiement de technologies de plus en plus intrusives, et par extension du degré réel d'acceptation de ces technologies au sein de la population, incluant les segments de celle-ci qui n'ont rien à cacher ou à se reprocher.
28 février 2006
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