Dans un article du New York Times de ce week end, les conditions de la prise de décision désastreuse qui a retardé l'intervention du gouvernement américain lors de l'ouragan Katrina sont passées en revue.
On apprend notamment que le centre ultra-moderne de gestion des opérations du Department of Homeland Security, équipé d'écrans géants dernier cri et d'accés directs aux bases de données les plus diverses a coûté 56 millions de dollars au contribuable américain. L'ensemble des organisations chargées d'assurer la sécurité des États-Unis y sont présentes afin d'évaluer en temps réel les menaces qui se profilent à l'horizon et de coordonner les réponses.
Cette solution technologique au problème de la gestion de l'information, censée éviter que des attaques de l'ampleur de celles du 11 septembre 2002 ne se reproduisent, doit affronter la rude concurrence de la télévision comme source d'information. En effet, dans son témoignage devant le Sénat sur la gestion de Katrina, le Général Broderick (directeur du centre) a précisé que la raison pour laquelle il n'avait pas jugé bon d'avertir sa hiérarchie du désastre en train de se jouer à la Nouvelle-Orléans le soir du 29 août 2005 était qu'un reportage télévisé diffusé depuis le Vieux Carré montrait des habitants en train de chanter, danser et boire de la bière. Malgré les avertissements répétés provenant des fonctionnaires de la FEMA, des Gardes Côtes, et du Corps des Ingénieurs de l'Armée présents sur place, ce sont ces images de fête, projetées en boucle sur les écrans géants du centre, qui semblent avoir convaincu (contre toute rationalité) les décideurs que le pire serait évité.
Dans ce cas, on peut dire que la technologie a englué les hommes dans un amas d'informations, dont la plus frappante (mais certainement pas la plus pertinente) s'est imposée et a pris en otage le processus de prise de décision.
20 février 2006
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