L'industrie chimique n'a jamais eu réellement besoin de terroristes kamikazes pour causer des catastrophes écologiques à l'origine de la mort de dizaines, voire de centaines ou de milliers d'innocents. Seveso en Italie, AZF en France, Bhopal en Inde constituent autant d'exemples qui laissent entrevoir le potentiel de risques de ces installations. On est alors frappé par la résistance extrême de l'industrie chimique aux États Unis à l'imposition de règles de sécurité qui limiteraient le nombre de victimes en cas de catastrophes accidentelles, et surtout terroristes. Les évaluations varient, selon les administrations, mais les plus conservatrices estiment qu'environ 270 usines chimiques se situent aux États Unis à proximité immédiate de zones résidentielles de 50.000 personnes ou plus.
Deux visions de la sécurité s'affrontent ici: d'un côté, l'industrie chimique dit investir massivement afin de "durcir" les installations concernées et en empêcher l'accès aux terroristes. D'autre part, l'approche privilégiée par la communauté scientifique et certains législateurs vise plutôt à modifier les processus industriels afin de limiter les risques, notamment en ayant recours à des matières premières moins toxiques, à des processus de fabrication à basse température et à des modes de production en flux tendus qui limitent les quantités de produits toxiques fabriquées au strict nécessaire. Cependant, dans l'absence d'incitations fiscales ou économiques, l'industrie traîne les pieds et mobilise ses lobbyistes au parlement et dans les couloirs du pouvoir exécutif. De la même façon que la sécurité aérienne a été radicalement transformée par les attaques du 11 septembre, l'industrie chimique est à la merci d'un événement catastrophique qui ne manquera pas, dans un avenir très proche, de mettre en cause la responsabilité de ses dirigeants.
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