12 août 2006

Détecter les explosifs liquides: c'est possible mais trop cher

Un article du Toronto Star (abonnement gratuit requis) nous apprend que la technologie qui permet de détecter la présence d'explosifs liquides dans les bagages à main existe depuis environ 10 ans. La société Rapiscan serait en mesure d'équiper immédiatement de nombreux aéroports. Cependant, le coût prohibitif de ces machines (250.000 USD par unité) fait qu'on ne compte pas d'aéroports parmi ses quelques clients actuels. De plus, la durée d'analyse qui est d'environ une minute par objet "scanné" congestionnerait encore plus des aérogares déjà bien encombrés. En attendant qu'une attaque à l'explosif liquide réussisse, on continue donc à utiliser des technologies obsolètes mais abordables sur le plan financier.

C'est ce que l'on pourrait appeler la technique du rétroviseur: on se concentre sur les menaces passées, en tenant pour nulle la capacité d'innovation et de créativité des terroristes. On dépense alors des milliards en équipements sur la base d'événements déjà survenus, ce qui est plus facile à justifier auprès de l'opinion publique et des décideurs politiques que d'essayer de prédire la forme que prendra la prochaine attaque et d'investir en conséquence. Cela explique pourquoi les avions de ligne ne sont pas encore protégés contre les MANPADS (Man-Portable Air Defense Systems), ce qui reste de l'avis de beaucoup de spécialistes du terrorisme une des menaces les plus imminentes qui pèsent sur le transport aérien. Selon la Fédération des Scientifiques Américains, il y aurait 500.000 MANPADS en circulation dans le monde, dont plusieurs milliers disponibles sur le marché noir. Cependant, à l'heure actuelle, les coûts de déploiement de systèmes de protection contre les MANPADS sont tellement exorbitants (de 1 à 3 millions USD par avion) que même la compagnie Israélienne El Al a pour l'instant interrompu l'équipement de ses appareils. Cette inflation des coûts des technologies de sécurité et des choix budgétaires qu'elles amènent immanquablement à faire constituent à cet égard autant un facteur d'insécurité que de protection accrue.

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