Après les agresseurs sexuels, dont le nom, l'adresse et la photo sont mis en ligne aux USA sur des registres publics accessibles à l'ensemble de la population qui dispose d'une connexion à internet, la province de l'Ontario, au Canada, étend cette stratégie aux mauvais payeurs de pensions alimentaires, qui disparaissent sans laisser d'adresse. Cette technique d'humiliation publique a pour objectif avoué d'aider les autorités à retrouver la trace des personnes introuvables. Elle utilise la puissance de diffusion de l'internet et sa dimension participative pour pallier au manque de ressources des administrations concernées. Il y a cependant là un risque bien réel de réintroduire des pratiques de justice privée (ou wikijustice dans sa version 2.0) qui ont été à juste raison abandonnées dans les sociétés modernes avancées il y a plus d'un siècle.
En effet, qui empêchera qu'une dérive amène éventuellement les institutions bancaires à diffuser sur internet les noms de leurs mauvais payeurs, ou les particuliers à diffuser les images d'invidus en train de commettre des actes de vandalisme plus ou moins graves qui auront été enregistrées par des caméras de vidéosurveillance privées? Toutes les occasions que créent les outils collaboratifs en ligne doivent-elles être exploitées, ou une réflexion éthique un peu plus poussée sur les implications d'internet pour les valeurs de justice doit-elle être entreprise? Il semble pour l'instant que la vitesse de développement des outils technologiques laisse les outils juridiques dans la poussière.
21 mars 2007
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