09 septembre 2006
Les profits du 11 septembre
À quelques jours du cinquième anniversaire des attentats contre les tours jumelles et le Pentagone, quelques articles viennent nous rappeler que si les secteurs du transport aérien, maritime, du tourisme ou des assurances ont subi des pertes considérables (les estimations des coûts directs dépassent les 80 milliards de dollars US), d'autres entreprises ont directement profité des besoins en équipements et en services de sécurité. Aux États-Unis seulement, les dépenses du gouvernement fédéral au titre de la sécurité sont passées de 17 milliards de dollars US en 2001 à 58 milliards en 2007, ce qui dépasse largement le rythme de l'inflation. Un article du MIT Technology Review dresse ainsi le portrait de petites entreprises qui ont connu une croissance fulgurante après avoir obtenu des contrats du Department of Homeland Security. Cependant, bien souvent, les décisions d'attribution des contrats sont prises dans l'urgence, et les technologies qu'on demande à ces start-ups de mettre sur le marché sont rarement opérationnelles, ce qui entraîne des gaspillages à la mesure de la montagne de billets verts dépensés. Le Washington Post a d'ailleurs révélé il y a quelques semaines de nombreux abus dans ce domaine. Au Québec également, la société Garda a su admirablement profiter du nouvel environnement d'insécurité créé par le 11 septembre, ce qui lui a permis de connaître une croissance exceptionnelle. Fondée il y a seulement 11 ans avec 25.000$ de capital, elle emploie aujourd'hui 20.000 employés et vient de faire son entrée sur le marché de la sécurité privée haut de gamme, avec le rachat de la société américaine Vance International (voir le dossier dans La Presse Affaires du samedi 9 sept. 06). Les employés de Garda assurent notamment le contrôle des passagers et des bagages (sous uniforme CATSA) aux aéroports de Montréal et de Toronto. Si les actionnaires de ces entreprises peuvent se réjouir pour l'instant des juteux contrats qu'elles obtiennent, les citoyens qui dépendent d'elles pour leur sécurité disposent encore de trop peu d'éléments pour évaluer objectivement leur contribution à la prévention des actes terroristes. À l'instar de Bruce Schneier, certains n'hésitent d'ailleurs plus à parler d'une théâtralisation de la sécurité, plus axée sur la perception que sur la réalité. Les décors et les figurants de la superproduction qu'on nous propose depuis cinq ans ne semblent toutefois pas suffisant pour convaincre tout le monde d'assister au spectacle.
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